#Entrée de la belle__.

C'était aux alentours de quinze heures de l'après-midi. Un épais brouillard grouillait aux pieds de l'imposante demeure, au fond de la campagne anglaise. Un fourgon de police s'était arrêté devant les grandes portes de chêne, devant lesquelles attendaient une grande dame à l'air austère et un homme, apparemment le concierge.
De l'arrière du fourgon sortirent deux agents de police et une belle jeune fille menottée. Ils s'avancèrent jusqu'aux portes, devant l'homme et la femme. Ils remplirent quelques paperasses en silence, et finalement les deux policiers démenottèrent la jeune fille et attendirent que cette dernière et les deux adultes franchirent les portes.

- Au revoir, doux anges... susurra la jeune fille aux deux officiers avec un air goguenard.

Le concierge ferma la porte à clé et disparut dans sa loge en gromellant. La femme la regarda d'un œil grave, lui dit sa chambre et lui expliqua brièvement comment y aller.

D'un coup, Gabriella, car tel était son nom, se sentit impuissante et misérable. Toute sa vie elle avait eu quelqu'un à ses côtés : que ce soit sa mère (bien qu'elles se haïssent cordialement, cette dernière lui avait indiqué malgré elle le chemin à ne pas suivre) ; Benton, avec qui elle avait fugué et essayé oublier sa junkie de mère ; et Brian, qui était à l'heure qu'il est en prison, et par sa faute… Maintenant, elle était seule, livrée à elle-même.

Garbo restait debout dans le hall vide, immobile, sa valise à côté d'elle. Elle regarda ses mains, qui portaient encore les traces des menottes.
Elle sortit la photo. Rien qu'à sa vue, elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle éclata en sanglots et, accroupie devant ses affaires, la photo contre son palpitant, elle se sentit misérable.

Reprends-toi, abrutie !! pensa-t-elle avant de se donner une baffe retentissante.

Elle avait dit quoi, déjà, la directrice ?

HJ // Pas brillant je sais. \\ HJ

Nouvel Arrivant Nombre de messages : 5 Date d'inscription : 03/07/2007

Jake faisait sa ronde de surveillance dans le hall lorsque Gabriella fut laissée seule dans la grande pièce où arrivaient tous les nouveaux pensionnaires. À l'autre bout de la pièce, il la vit regarder quelque peu autour d'elle et, en un instant, comprit à quel point elle se sentait abandonnée. Certains arrivaient la tête haute, le regard plein de défiance. Cette jeune fille n'était visiblement pas de ceux-là. Pris de pitié, il se mit à s'approcher doucement d'elle lorsqu'elle fondit en larmes, avec l'intention de faire ce qu'il pouvait pour la consoler. Puis, elle se gifla elle-même. Jake pressa le pas et lui retint doucement le poignet, au cas où elle voudrait recommencer.

- La violence n'est pas permise dans le centre, mademoiselle... surtout envers vous.

Il avait parlé d'une voix douce, pas trop forte, pour ne pas risquer de l'effrayer.

Une main. Sur son poignet.

Gabriella leva les yeux vers l'homme qui venait de lui parler. Il n'était pas méchant, il se voulait doux. Elle avait toujours les larmes aux yeux, et sur sa joue la baffe qu'elle venait de se donner lui avait laissé une grosse marque rouge.

- Je… Pardon.

Une fois de plus, elle se sentit misérable. Autrefois, elle avait des amis, elle était "influente" dans son milieu. Là, elle était face à un mur, dans une impasse, un sens unique.
Pas possible de reculer, elle était seule contre des mineurs qui avaient fait pire qu'elle, minable petite dealeuse.

Garbo essuya ses yeux rouges et balbutia :

- Est-ce que vous sauriez où se trouve le dortoir numéro 2, s'il vous plaît ?

Les trois derniers mots, elle les avait prononcés à mi-voix, d'une voix étranglée, si bien que le jeune homme dut se pencher pour pouvoir l'entendre.

Elle sentit les larmes reperler dans ses yeux. Aussi elle se dégagea de l'étreinte de l'homme, inspira profondément plusieurs fois de suite. À la fin, elle se retourna vers l'homme et s'efforça d'afficher un "sourire".

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Jake n'était pas dupe. Ce sourire n'était qu'une façade et il le savait bien. Une illusion de force. Un faux "tout va bien". Il se pencha vers elle lorsqu'elle lui glissa sa question en un murmure à peine audible.

- Bien sûr, oui, je suis surveillant ici... Jake. Jake Swell... vous n'avez pas besoin d'avoir peur de moi ou de vous méfier.

Il lui sourit, tentant de lui donner du courage.

- Je peux vous y emmener, mais il faudra me dire pourquoi vous semblez si abattue... ce centre n'est pas si terrible, vous savez. Nous ne voulons que vous aider...

- … Nous ne voulons que vous aider…

Les paroles du surveillant lui redonnèrent de la chaleur, de l'espoir. Remise d'aplomb, Garbo le regarda un long moment avant de lui répondre, d'un ton "enjoué".

- Je suis la fille illégitime d'une catin toxico, qui me battait violemment. Toute ma courte vie, j'ai haï ma mère et elle m'a haï. J'ai fugué à quatorze ans avec mon copain, pour aller à Londres. Là, j'ai dû me prostituer et retourner des hamburgers pour me payer des graines et planter, dans le but de dealer et de faire souffrir les gens autant qu'elle m'avait fait souffrir. On m'a envoyé en taule, d'où mon meilleur ami m'a sorti en payant ma caution. On s'est mis à redealer, mais avec des drogues moins soft à ce moment-là. Les flics m'ont rechopée et la juge m'a envoyé en centre de rééducation. À part ça, tout va bien.

Elle avait assené sa tirade d'un air tout à fait naturel. Les larmes étaient parties, la trace rouge de la gifle également, laissant place à des yeux noirs profonds intimidants, et à une peau froide, qui semblait ne pas avoir de pores. C'était elle, Gabriella McLaren, que pouvait voir le surveillant. Le sosie d'une misérable junkie, Angelica McLaren.

Non, Garbo ne voulait plus pleurer. Plus faire la fifille pleurnicheuse. Elle voulait uniquement tuer psychologiquement sa catin de génitrice. C'était, grosso modo, ça, son but dans la vie.
Mais ça… Le pion ne le savait pas… Personne ne le savait. Même pas Brian.

Nouvel Arrivant Nombre de messages : 5 Date d'inscription : 03/07/2007

Drogue. Ce fut ce mot qui résonna dans la tête de Jake. Encore et toujours ce fléau...

- Tu n'es pas vraiment la seule dans ce cas. Personne ici n'est sorti d'un conte de fées. Malheureusement... mais ce centre n'est pas une prison. Il est là pour vous aider à recommencer votre vie du bon pied après tout ce que vous avez vécu.

Il tenta un sourire.

- Mais si à part "ça", tout va bien, c'est le principal. Parce que "ça", c'est du passé.

- … Parce que "ça", c'est du passé…

Gabriella détourna la tête à ces mots puis, après un moment passé à contempler le vide, elle regarda le pion dans les yeux puis murmura dans un souffle :

- Il est impossible de reculer face au passé. Toute ma vie est basée sur le passé, et même jusqu'à bien avant que je naisse. Comment voulez-vous que je tourne aussi facilement cette page ?

Il ne fallait pas que les larmes lui reviennent. Elle s'essuya les yeux, renifla d'un air dédaigneux et baissa les yeux vers ses pompes larges et sales.
Elle avait repris sa veste et sa valise, et s'efforçait de rester calme.

- Alors. Où il est mon dortoir ?

HJ // Désolée, avec Sadie Borden on voulait se faire un topic à toutes les deux, donc je ferais comme si t'avais répondu et que Jake m'avait amené à mon dortoir et qu'après Gabriella se serait baladée dans le centre. *Ch'ais pas si t'as tout grillé *\\ HJ